D R H « On liquide »

Publié le par Gérard PIEL

Robert était assis derrière son bureau, il était en fonction depuis six mois dans cette jolie ville moyenne du Sud-Ouest . Foie gras et truffes, il y avait pire comme endroit.

Il avait pratiquement atteint ses objectifs : réduire de dix pour cent le nombre de salariés de sa boite.

Déjà dans la grande distribution, il avait pratiqué la politique de la terre brûlée, « Là où Robert Sarlors passe, l’emploi trépasse ». Il faut commencer par le plus difficile, les syndicalistes, sauf le syndicat-maison bien-sûr, puis les anciens, ceux qui coûtent, enfin les faibles s’ils ne sont pas partis de leur plein grès. Public ou Privé pour lui c’est toujours la même musique, militaire !

Son adjoint Paul en avait mangé du militaire, quinze ans, d’abord en opérations extérieures puis à la formation des cadres, ceux qui arrivaient au bout étaient blindés.

Robert téléphonait à Paul :

- On va la dégager ce soir, elle est mûre. J’ai préparé sa lettre de démission, elle n’a plus qu’à signer et elle se casse. Je t’attends dans dix minutes, elle est déjà là, je l’ai laissé mariner dans l’atelier, seule, elle ferait presque de la peine. Je déconne !

Myléne s’était cassé le bras en tombant de vélo, heurtée par un chauffard qui ne s’était pas arrêté, cela faisait deux mois et il n’était toujours pas identifié.

« Vous n’êtes pas morte » avait dit le policier…

« Deux mois d’arrêt, vous mettez l’entreprise en difficulté !» Il l’appelait cinq ou six fois par jour pour qu’elle démissionne. « le Boss , appelez-moi le Boss avait-il ordonné en arrivant ».

Pourtant son médecin venait de la prolonger « Attention ce n’est pas rien votre fracture, il faut du temps, pour la dépression vous devez voir une spécialiste, vous verrez elle est bien, c’est une femme ».

« La grosse » comme ils l’appelaient, les deux cadres attendaient….

Seule au boulot, seule chez elle, et ces deux clébards qui n’arrêtaient pas de lui aboyer dessus, le boss lui avait postillonné dans la figure avant de lui tourner le dos, actionnant la fermeture automatique de l’entrée. Comme si elle allait se barrer, j’ai tout mon temps !

Ça sonne

-C’est Paul ouvre-moi.

- Ok.

Robert enclencha la porte mais son adjoint n’arrivait pas.

- Qu’est-ce qu’il fout ? On doit s’en occuper tous les deux.

Le boss quitta son bureau, pénétra dans la grande salle de tri. Il vit Paul dans l’allée centrale immobile regardant le plafond. Devant lui une chaise était renversée sur une table de travail, au-dessus, Mylène se balançait lentement une corde atour du cou, ses cheveux recouvrant la plus grande partie de son visage. Elle avait revêtu sa tenue de travail, son bras cassé enveloppé de plâtre avait pris une drôle de posture. Elle avait laissé un courrier : « Vous pouvez la déchirer les doubles ont été postés. »

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